L’adoption d’un chiot âgé de plusieurs mois
Il peut s’agir d’une raison tout à fait compréhensible (il est né à une période durant laquelle l’éleveur n’a reçu que peu de demandes, la portée comprenait beaucoup de chiots, l’éleveur n’a pas trouvé de personne suffisamment responsable à qui le vendre, etc.) ou plus délicate (un problème de santé, un retour après un échec dans une première famille d’adoption etc.).
A vous de voir si les raisons évoquées vous conviennent et si vous êtes prêts à tenter l’aventure, ou non.
Si c’est le cas, voici quelques informations pouvant vous faciliter son intégration chez vous
Un chien de 6, 7, 8 ou 9 mois est toujours un chiot, même si sa taille n’en laisse rien paraître !
Sachez qu’un chien d’un tel âge a déjà du caractère et des habitudes, que vous pouvez rencontrer quelques difficultés plus ou moins attendues (mais les agréables surprises sont aussi légion !).
Etat des lieux :
– la propreté :
à partir de 4 mois, on peut considérer que le chiot a pratiquement acquis les notions de propreté, à part quelques accidents, mais vous serez tolérants. Il y a tout de même une condition : que l’éleveur lui ait inculqué les principes de base, dont vous ne manquerez pas de prendre connaissance.
Sinon vous devrez procéder comme avec un chiot qui n’a jamais appris à être propre.
Sachez que la notion de propreté n’est pas la même de tous les points de vue, et que vous devrez peut-être apprendre des modifications à votre nouveau compagnon.
Par exemple, si dans son élevage il pouvait se soulager sur n’importe quel coin du terrain qu’on lui allouait, ce ne sera pas forcément le cas chez vous, entre le potager, le jardin et le parc de jeu des enfants. Il vous faudra alors lui apprendre dès son arrivée chez vous les lieux autorisés et interdits.
Pour ce faire, rien de vaut une forte récompense lorsque vous le prenez sur le fait en train de se soulager au bon endroit, et une intervention rapide (mais non violente !) dans le cas contraire, pour le diriger immédiatement vers « son » nouveau lieu d’élimination. Dans un premier temps (quelques jours), il est plus simple de garder votre chien en laisse afin de bien contrôler ses déplacements et les coins où il fait ses besoins.
Dans la rue, le principe est le même : l’amener dans des endroits où vous souhaitez qu’il s’exécute, quitte à y rester un long moment, et le féliciter dès qu’il se soulage (ne hurlez pas votre joie trop tôt, sinon vous allez le stopper en cours d’élimination, attendez qu’il ait terminé pour le récompenser sur le champ)
– l’adaptation chez vous :
Ne négligez pas le fait que votre compagnon avait des habitudes dont il est maintenant coupé, et que cela est perturbant. Il lui faudra un peu de temps pour s’acclimater à son nouvel environnement (exactement comme nous après un déménagement), et un peu de patience et de compréhension de votre part sont nécessaires. Voici quelques anecdotes vécues et relatées par les uns ou les autres :
– « mon chiot est terrorisé par les escaliers, il refuse de monter les marches ». Variantes : il ne connaît pas le bruit de l’aspirateur / il n’a jamais vu de chat / il a peur des enfants !
Renseignez vous auprès de l’éleveur (dans l’idéal, il faut récolter ces informations avant d’acheter un chiot) et posez les bonnes questions : y avait il des escaliers chez vous ? le chien y avait il accès ? les chiens vivaient ils avec vous, ont-ils déjà entendu un appareil ménager fonctionner ? avez-vous des enfants/des chats, leur arrive t il de côtoyer les chiens ?
En fonction des réponses que l’on vous donnera, vous comprendrez aisément qu’il peut s’agir de quelque chose de tout nouveau pour votre ami, et que face à quelque chose d’inhabituel, il faut du temps, et du travail pour s’adapter ! Il ne s’agit pas forcément d’un traumatisme vécu dans la petite enfance comme on pourrait le penser en faisant une conclusion trop rapide, mais tout simplement une « inquiétante nouveauté » qui nécessite adaptation progressive et assistée. « assistée » parce qu’il est hors de question de laisser votre chien faire ses expériences tout seul dans des circonstances pouvant comporter des risques pour lui ou pour autrui. Soyez inventif et responsable en même temps, afin de lui montrer, par le calme et la confiance, que rien ne sert de s’affoler trop tôt, il faut d’abord observer….
Exemple : en demandant à des enfants paisibles et pas trop jeunes de commencer par passer loin du chien (sans courir) dans un périmètre restreint, sans le regarder, le toucher, ni s’occuper de lui.
Au bout d’un certain nombre de répétitions (variables selon l’animal), lorsque le chien ne montre plus aucun signe de nervosité, un enfant à la fois va s’approcher et lui donner une friandise et une caresse avant de s’éloigner calmement (surtout pas en courant, cela ne ferait qu’ajouter du stress au chien). Evitez aussi de faire donner un jouet par l’enfant, car plus il y aura d’excitation dans l’air, moins vous contrôlerez la situation.
On augmentera peu à peu les « difficultés » en respectant toujours la progression du chien : ne pas aller trop vite, et cesser immédiatement l’expérience au moindre signe d’inquiétude (gémissement, halètement excessif, transpiration odorante, incapacité à rester en place, regard fuyant, grattages interminables, bâillements sonores, etc.).
Progressivement, vous pourrez demander à un enfant de rester plus longuement à côté du chien, en le caressant calmement, puis de le promener en laisse (sous votre contrôle !). Le but de l’opération est de désensibiliser le chien, c’est-à-dire de lui permettre de tolérer la présence d’un élément autrefois inquiétant. Ce travail est délicat parce que long, et vous demandera à tous (adultes, enfants, chien) de la persévérance, même dans les moments de découragement. N’hésitez pas à vous faire aider par un comportementaliste si cela vous parait trop difficile de vous y atteler tout seul.
– Autre situation : l’escalier. Commencez par repérer ce qui motive considérablement votre chien et le pousse à faire des efforts pour l’obtenir. Il peut s’agir d’un jouet, une balle, ou une friandise. Prenons la friandise (Non, ce n’est pas « acheter le chien » !) : posez en une petite quantité sur la première marche et quittez la pièce. Revenez quelques instants plus tard, et si la friandise n’y est plus, posez-en d’autres sur la première et la seconde marche. De la même façon que précédemment, ne vous préoccupez plus du chien.
Arrêtez là l’exercice, nourriture consommée ou pas, votre chien a déjà bien assez travaillé pour le moment. Plus tard dans la journée ou le lendemain, recommencez en augmentant peu à peu les difficultés, marche après marche, sans brûler les étapes !! N’oubliez pas d’agrémenter chaque marche de friandises. Lorsque votre chiot arrivera jusqu’en haut de l’escalier si terrifiant, proposez lui un « jackpot », c’est-à-dire une très très forte récompense, des félicitations joyeuses de votre part, des caresses, des jeux avec vous. Il apprendra ainsi à associer « c’est nouveau, mais c’est pas si terrible. C’est même carrément chouette, ça finit toujours bien pour moi ! ». Il faut donc prendre toutes les précautions utiles pour qu’il ne puisse pas tomber ou se faire mal durant cet apprentissage. Eloignez les enfants ou adultes un peu turbulents et impatients, maintenez une présence détendue et paisible. L’atmosphère ambiante est primordiale, elle doit inspirer confiance et calme.
Si vous allez trop vite pour lui, votre jeune landseer risque de faire un blocage et tous vos efforts seront réduits à néant, vous devrez recommencer après avoir reconquis sa confiance. Et une confiance perdue ne se récupère pas si facilement.
On pourra procéder de la même façon avec un animal qui avait été abandonné avant d’arriver chez vous, ou qui a vécu une situation traumatisante.
Vous avez compris le principe ? A vous d’être imaginatif pour les autres situations qui posent des problèmes, en étant patients et mesurés : ne vous attaquez pas à tous les soucis en même temps, laissez lui le temps d’assimiler chaque leçon avant d’en entamer une autre. On ne demande pas à un enfant de 10 ans de faire des équations à trois inconnues : il doit d’abord apprendre à calculer, multiplier, et ensuite seulement on le pousse plus loin. Faites de même avec votre chien, respectez sa progression personnelle, votre relation n’en sera que plus belle et harmonieuse !
Source texte : Laurence Bruder Sergent, comportementaliste et formatrice, auteur des livres “la cause des chiens”, “mon chien est quelqu’un de bien” et co-auteur de “j’éduque mon chien moi-même”